Abdelhai Diouri

"La peinture, pour moi, est venue dans l'enfance avec le métier de mon père (zellige) pour ce qui est des formes et des couleurs.
Avec la période bleue, elle est devenue l'objet d'un investissement mystique (romantique?). Aujourd'hui, c'est pour moi l'espace exploratoire de l'expérience éclatée."
Abdelhaï Diouri
Né en 1947, à Fès (Maroc), Abdelhaï Diouri dessine et peint depuis l'enfance en autodidacte.
Il fait une formation en gravure dans l'Atelier d'art et de gravure, Paris 1974-75, et dans le Palais Raïsouni de la Culture, Asilah, été 1990.

Abdelhai Diouri

En parallèle, Abdelhai Diouri suit un cursus universitaire en philosophie, sociologie et anthropologie et bénéficie de bourses de soutien à la recherche aux États-Unis.

Sa première exposition individuelle a lieu en 1974 à Tanger.
Abdelhai Diouri s'évertue à explorer matériaux et techniques jusqu'au bout : encres, huiles, gravure, terres, et plus récemment sculpture et matériaux électroniques et techniques diverses pour ses dernières installations.
Chacune de ces créations a duré plusieurs années et débouché sur des expositions au Maroc et à l'étranger.
Abdelhaï Diouri compte à son actif plusieurs expositions individuelles et collectives tant au Maroc qu'à l'étranger, notamment en France, aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Italie et en Afrique du Sud.
Abdelhai Diouri vit et travaille à Harhoura, (Maroc).
Tout promettait Abdelhaï Diouri à une carrière brillante dans les sciences humaines. Une thèse très remarquée sous la direction de Roland Barthes. Des publications en anthropologie saluées par ses pairs.
Des cours dispensés à la prestigieuse université Harvard. Et puis, ce monsieur décide de se détourner des sciences humaines pour se dévouer à la peinture. Est-ce son violon d’Ingres? Pas du tout, si on en juge par le temps qu’il consacre à cette activité, la passion qu’il y met et la masse impressionnante de tableaux et de matériel dont il dispose dans son atelier. «J’ai toujours fait de la peinture» dit-il sans hésitation dès qu’on l’interroge sur cette vocation. Aujourd’hui, l’intéressé peint plus qu’il n’écrit. «Je suis si bien absorbé par la peinture que je me laisse le moins possible inviter dans les espaces intellectuels» reconnaît-il. Cela fait grincer des dents quelques chercheurs qui ne désespèrent pas de le récupérer, sans que les peintres ne l’acceptent pour autant comme l’un des leur. En fait, les plus connus d’entre eux le renvoient aux sciences humaines dès qu’on cite son nom.
Abdelhaï Diouri a gardé de ses longues années de recherches un esprit analytique et une disposition au franc-parler. Interrogé sur la résistance des peintres à lui assigner la qualité de confrère, il répond : « Nous n’acceptons pas les êtres multiples, parce que nous avons très peu d’espaces dans nos têtes. Nous sommes petits !» Il dit cela sans indignation, sans élever la voix, sur le ton du constat. Il embraye ensuite sur une petite analyse de la «corporation» des peintres et sur l’esprit «corps de métier» dont se réclament les hommes de cette profession. L’intransigeance analytique dont il fait preuve à l’égard d’autrui déteint aussi sur sa personne. Lorsqu’on insiste sur le fait qu’en dépit de son dévouement aux arts plastique (sa première exposition remonte à 1974) son nom demeure peu connu à de nombreuses personnes, il répond : «je ne suis pas très sociable, je ne sais pas construire mes relations. Plusieurs personnes me rencontrent, on discute, mais elles n’éprouvent pas le besoin de me revoir !» Il est vrai que l’intéressé vit un peu en apôtre dans une maison à Harhoura. Les seules créatures qui font du bruit dans sa demeure sont des chats. Huit chats lui tiennent compagnie. Mais il est tout aussi vrai que l’homme est très peu porté à accepter le jeu social et à tisser des relations dans des réseaux pour faire valoir sa peinture. Lorsqu’on insiste un peu plus encore, il répond avec la même rigueur scientifique : « il est probable que mon travail n’intéresse pas les gens ».
Une seule pointe d’orgueil transparaît dans ses propos : « Je ne peins pas pour plaire aux autres ». Personne ne peut lui contester cela en regardant ses tableaux. Des couleurs qui ne cherchent pas à séduire l’oeil. Des couleurs qu’il extrait lui-même des roches, et dont la transformation en pigments requiert beaucoup de patience. Quant au contenu de ses oeuvres, il est également inclassable. Abdelhaï Diouri passe de la figuration à l’abstraction, ce qui rend son travail irréductible aux étiquettes. Il peint d’après un modèle intérieur – souvent le même. Des marches et une porte dont on ne sait où elle mène. L’une de ses oeuvres les plus intéressantes est un triptyque vertical. Appréhendé de haut vers le bas, le premier tableau est parfaitement figuratif. On y reconnaît distinctement une porte surplombant deux marches. Le deuxième est mi-abstrait, mi-figuratif. Le troisième est un fouillis de couleurs mouvementées où les marches ressemblent à une cascade d’eau, la porte est un espace informe.
De haut en bas, on assiste ainsi à la décomposition de la forme. De bas en haut, à sa genèse. Les autres tableaux de l’intéressé sont d’une qualité inégale. Qu’on les aime ou non, ils imposent la qualité de peintre à leur auteur.
Source: Aujourd'hui le Maroc

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